L’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG)

Vous avez été amenée à demander une IVG. Vous venez me rencontrer pour en savoir plus sur cette démarche et pour que je vous accompagne. Voici des éléments d’information ayant pour but de vous éclairer.

Ce que dit la loi en France

L’IVG est régie par la loi du 17 janvier 1975, modifiée par celle du 4 juillet 2001 et celle du 26 janvier 2016. En France, une IVG peut être pratiquée avant la fin de la 12è semaine de grossesse, soit avant la fin de la 14è semaine après le début des dernières règles, c’est à dire 14 semaines d’aménorrhée (absence de règles, “14 SA”). Libre choix de la femme, elle est le seul juge des raisons de sa demande d’IVG et elle est libre de sa décision.

Il n’y a plus de délai de réflexion obligatoire entre la consultation de demande d’IVG de la femme et la consultation durant laquelle une confirmation écrite de sa décision lui sera demandée. Le délais de prise en charge va dépendre des disponibilités des différents intervenants.

Comment se pratique une IVG ?

Il existe 2 méthodes : elles dépendent de l’âge de la grossesse. Le choix des patientes se fera avec l’aide du médecin ou de la sage-femme lors de la première ou de la seconde consultation médicale. Il est important de signaler tout antécédent d’hémorragie, de trouble de la coagulation ou allergie médicamenteuse.

L’IVG médicamenteuse

Elle peut être pratiquée jusqu’à 7 SA en ville et 9 SA à l’hôpital. Il y a un fort taux de succès et un risque de complications sévères très rares pour cette méthode.

La méthode consiste à prendre 2 médicaments différents lors de 2 consultations :

- La consultation de prise de mifépristone (Myfégyne) : il vous sera alors demandé de signer un consentement libre et éclairé de demande d’IVG. Ce médicament interrompt l’évolution de la grossesse en bloquant l’effet de la progestérone (qui maintient la grossesse), favorise les contractions de l'utérus et l’ouverture du col utérin. A l’issue de cette première étape il peut survenir des saignements plus ou moins importants avec exceptionnellement l’évacuation de l’oeuf. Dans tous les cas, la seconde consultation pour la prise du second médicament est indispensable.

- La consultation de prise du misoprostol (Gymiso). Remis par votre sage-femme lors de la consultation, vous devez le prendre entre 36h et 48h plus tard la prise de mifépristone. Vous aurez le choix de le prendre en ma présence ou bien chez vous. Dans tous les cas, il est important que vous ne restiez pas seule après cette phase. Ce médicament augmente les contractions et provoque l’expulsion de l’oeuf. Les douleurs sont alors comparables à celles des règles, parfois plus fortes. Vous pourrez prendre des antalgiques (comme du Spasfon, du paracétamol ou de l’ibuprofene) contre la douleur. Les saignements peuvent intervenir parfois très vite après la prise du misoprostol mais parfois plus tardivement. Le plus souvent l’avortement (expulsion de l’oeuf) se produit dans les 2 à 4 heures suivant cette prise, plus rarement dans les 24-72 heures. Des saignements dureront en général une dizaine de jours.

Cette méthode ne nécessite donc ni anesthésie ni intervention chirurgicale mais un suivi obligatoire à 15 jours plus tard pour vérifier de son efficacité.

L’IVG chirurgicale

Elle est pratiquée obligatoirement en établissement de santé, jusqu’à 14 SA.

La technique chirurgicale consiste en une aspiration de l’œuf précédée d’une dilatation du col de l’utérus. L’ouverture du col peut-être facilitée par l’administration d’un médicament. Une canule de calibre adapté à l'âge de la grossesse est introduite par le médecin dans l’utérus en étant reliée à un système permettant l’aspiration du contenu de l’utérus. Cela dure une dizaine de minutes.

L’anesthésie peut être locale ou générale, c’est vous qui décidez avec l’aide du médecin le mode d’anesthésie qui est le mieux adapté à votre situation. Une hospitalisation de quelques heures est suffisante. Comme pour l’IVG médicamenteuse, le succès est grand et les risques de complications sévères (incluant plaie du col et de l’utérus) très rares. Les saignements durent entre 5 et 7 jours et la douleur est variable. Le suivi est essentiel.

Inconvénients et risques

Comme toute intervention, une IVG comporte des inconvénients et peut présenter certains risques exceptionnels.

- Pour l’IVG chirurgicale : les principales complications (comme l’hémorragie) sont immédiates et prisent en charge dans le service. Une infection utérine ou une rétention ovulaire est possible, d’où l’importance de réaliser une visite de contrôle.

- Pour l’IVG médicamenteuse : les principaux inconvénients sont le risque d’hémorragie pouvant nécessiter la réalisation d’une aspiration en urgence (à l’aide d’une chirurgie). La rétention d’une partie de l’œuf ou même la persistance d’une grossesse peut se voir dans moins de 5% des cas. Dans ce cas, une aspiration peut être nécessaire pour évacuer de l’utérus les fragments restants.

Quelle que soit la technique utilisée, l’IVG (et les éventuelles complications) n'entraînent plus actuellement de difficultés pour être à nouveau enceinte. Il existe très exceptionnellement un risque de transfusion sanguine, voire un risque vital ou de séquelles graves. Certains risques peuvent être favorisés par votre état, vos antécédents ou par un traitement pris avant l’acte. Il est impératif d’informer votre médecin et/ou sage-femme de vos antécédents personnels et familiaux ainsi que de l’ensemble des traitements médicamenteux que vous prenez.

Toutes les femmes ne sont pas égales face à la douleur, plusieurs facteurs entrent en jeu pour sa perception.

Après l’IVG

Une consultation de contrôle à 15 jours est obligatoire pour vérifier de l’efficacité de la méthode, de l'apparition d’éventuelles complications, pour discuter de votre vécu si vous en avez le besoin et pour refaire un point sur la contraception qui vous aura déjà été proposée préalablement.

Dans tous les cas, n’hésitez pas à demander à votre sage-femme ou à votre médecin si vous avez des questions ou des besoins de précision.